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sorties du jeudi 12 octobre 2006
Outlawrunner

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 gniaqueur

  Posté : 12-10-2006 15:52

Salut à tous et salut aussi Oseoma, ça faisait un bail!
Heureux de te croiser.


Alors ce jour.
Sale journée. Surtout le matin.

Gros stress!

L'appétit étant coupé, ayant les nerfs à fleur de peau.
Je décide sur un coup de tête de partir courir.

Il était 11h30.

Je me devais de laisser sur le bitume mes nerfs, ce trop plein qui m'étouffait.
Je pars donc.
Dès le début, mes jambes semblent peser des tonnes. Très dur de relever mes mollets. L'impression d'avoir du plomb dans ceux ci.

Je cours 1'40''. Je stoppe, je me dis que c'est pas aujourd'hui que je suis en état de courir.
Je pause donc. Je suis là, je regarde le paysage, les yeux sans doute hagards. L'esprit contusionné par des idées sombres qui viennent marteler sans cesse.
Je n'ai qu'une envie, rentrer à la maison.

Soudain, je serre les dents, ainsi que mes poings.
Je mets mon lecteur MP3, le volume à fond, et je balance Papa WasRolling Stones version G. Michael.

Je m'élance comme un lion, furieux, la rage au coeur.
Je me dis " advienne que pourra"
Ou je cours ou alors je suis rien!

Quelle pensée idiote n'est ce pas?

Je cours 34'. Distance parcourue 7,200 km environ.

J'ai du m'arrêter car mon lecteur est devenu silencieux.
En effet, je n'ai pas remplacé la pile depuis fort longtemps.
Mais j'en avais pris une autre. Je la cherche donc dans ma ceinture porte bidon. Je remplace la pile, mais pour rien, celle ci étant plus usée que la précédente.

Je ressens monter en moi la pression.
Je vais devoir rentrer seul et sans même la musique?
OK, je ne cours plus, j'en ai marre de cette journée.
Je me dis qu'il y a des jours ou l'on ferait mieux de rester couché.

Je marche donc sur 100m.
Le regard au ras du sol.
Je n'entends rien, je ne vois rien.
Je n'ai même pas entendu venir une voiture qui est passée à moins de 20 cm de ma peau et dont le conducteur n'a même pas jugé bon de ralentir.


Mais au bout de ces 100m, mes nerfs, ma volonté s'éveillent, voilà que soudain j'ai envie de courir à nouveau et avec rage.

Je repars donc.
Je reprends le même rythme qu'à l'aller.
Ne pouvant écouter la musique, je chante à voix haute, je gesticule, je me dis que l'on va me prendre pour un fou et je me dis que cela m'est bien égal.
Tant mieux après tout. Que peut être la vie sans un brin de folie?


Sur le parcours, je vois un chaton écrasé. Mort sans doute depuis 3 ou 4 jours.
Je stoppe 30 secondes.
Je me dis à ce moment là que la vie n'est qu'un morceau de cristal qui peut nous échapper à tout moment et se briser en 1000 morceaux.
Mais je me dis aussitôt que ce chaton là, ce n'était pas du cristal pour lui, mais du simple verre.
La vie lui avait refusé l'essentiel.
Une vie naissante était déjà achevée.
Et je me demandais où était la logique dans tout cela.

Je repars avec encore plus de rage, de la fureur.
Arrivé au 11e kilometre, je ressens un gros coup de fatigue.
Il faut dire que je suis à jeun depuis la veille.
Rien dans l'estomac si ce n'est le café du matin pris à 7h.

Je ralentis donc.
Mes jambes qui étaient devenues presque légères redeviennent lourdes à nouveau.
Mais je veux continuer.
Je rallonge mon circuit d'un Km environ.
Et voilà, ma sortie est terminée.

Plaisir mélangé à de l'amertume.
Distance totale de 15 kilos pour 74'.

Je ne prends jamais de bain. Je me douche c'est tout.
Mais ce jour, j'avais envie de me tremper dans de l'eau bien chaude.
J'ai donc rempli ma baignoire.
Et je suis resté là plus de 30 mns.
Je revoyais mon parcours.
Les vignes, le chaton, les papillons, et puis symbole des temps modernes et civilisés, je parle là de quelques voitures croisées lors de cette sortie. Quelle bizarrerie que ce monde!
Tous ces contrastes. Par moment on entend le doux gazouillis des pinsons, moineaux, mésanges., Jusqu'à ce qu'un bruit sourd et sans aucune harmonie vienne meurtrir nos oreilles. Je déteste ces bruits de moteurs.

Je me dis que dans la vie rien n'a un sens.
Tout est éphémère, tout est semblable à une plume que la moindre brise peut emporter au loin.

Je me dis que ma foulée ce jour a été le reflet des choses de cette vie.
Tantôt légère , tantôt lourde. Pesante.
Rapide ou plus lente. Comme ce temps qui joue bien souvent les capricieux.

Mais je suis arrivé au bout.
Au bout de ces quelques kilomètres.
Ce chaton arrivé au bout de sa vie avant même que celle ci ne lui en dévoile toutes les couleurs.
Ces papillons, êtres éphémères, si fragiles, qui m'ont accompagné durant cette escapade.
Je sais aussi que je ne les reverrai jamais.

Je me dis que une sortie en course à pied c'est comme tout le reste.

Il y a un départ. Une envie, quelque chose de plus ou moins définissable.
Il y a tout ce que l'on pourra entrevoir durant notre temps de vie, et puis un jour il y aura l'arrivée.
Nous devrons franchir la ligne.

Je me dis alors que chaque papillon entrevu, chaque fleur, chaque brin de fenouil, ces oiseaux qui virevoltent et qui sentent l'hiver s'approcher.
Je me dis que tout cela valait bien la peine que je décide non seulement de ne pas rentrer à la maison, mais de poursuivre ma volonté et ce que me dictait mon esprit mais aussi mon corps.

Courir, courir,
Et avant que le dernier portique ne se profile à l'horizon,
voir et voir, et voir encore les papillons et les fenouils au bords des chemins.

A bientôt...........

Message édité par : Outlawrunner / 12-10-2006 16:02




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