Gezen
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1442 gniaqueur
| Posté : 05-03-2009 19:58
Avant la course
J’ai passé ma dernière semaine avec une quasi-obsession de maladie. Après avoir raté deux marathons dans mon passé (et je n’en avais fais qu’un seul), le risque de ne pas être disponible pour celui-là m’angoissait beaucoup trop d’autant plus que j’avais des douleurs musculaires aux abdominaux depuis des mois et dès lors je n’étais déjà pas sûr de pouvoir finir la course ne serait-ce qu'avec un chronomètre médiocre. En plus un petit problème de gorge survient à quatre jours de l’épreuve et part heureusement le lendemain et un problème d’ongle d’orteil m’inquiète à deux jours de la course. Néanmoins je me fais particulièrement attention en matière de nourriture : Cessation complète d’alcool à neuf jours du J, une attention particulière à mon diététique la dernière semaine (cure de magnésium et de calcium, augmentation de mon ration de sucre lent y compris les légumes secs, augmentation de ma ration quotidienne de viande de toute sorte (y compris la foie qui est très riche en protéine et particulièrement de fer), inclusion de différents types d’aliments dans mon alimentation comme épinard, amende, noix …). Finalement j’arrive au samedi et je pars pour l’aéroport. Désormais je sais que je suis en route et que je serai du moins à la ligne de départ. J’arrive à Barcelone vers 14h30. Je laisse mes affaires chez mon amie qui m’hébergera et on part pour le marathon expo. Je retire mon dossard, ma puce, mon t-shirt et mon petit sac dans lequel il ya (entre autres) un magasin Runner’s World en espagnol que j’aurai du mal à lire … On se rend compte qu’on a oublié la clé dans l’appartement et donc on essaye de trouver un serrurier. Après qu’il nous a fait payer une grosse somme pour ouvrir notre porte en deux petites minutes, nous arrivons à y entrer. Cette histoire qui nous a occupé pendant pas mal de temps m’a empêché de m’hydrater assez dans l’après-midi et a décalé mon heure de diner. Le soir je bois plus de deux litres d’eau en trois heures pour ne pas souffrir d’un déficit en la matière le J et j’arrive à me mettre à la table à 20h30 pour 200 grammes de pâtes, avec du coulis de tomate et un peu plus de 100 grammes d’escalope de poulet. Comme j’avais peu mangé pour le midi, je mange de plus quelques biscottes, quelques biscuits, une pomme et une banane. Ca suffit, il faut s’arrêter de bouffer pour trouver bientôt le sommeil. Je me couche à 22h35. Après autant de litres d’eau, j’ai évidemment besoin d’aller quatre fois aux toilettes. Mais malgré cette perturbation régulière que j’ai subie pendant ma nuit, j’arrive à dormir relativement correctement.
Le matin je me lève à 6h50. Je bois un grand verre d’eau, un tasse de thé et je mange quelques biscottes généreusement miellées. On habite juste à côté de la Place d'Espagne et c’est de là que part la course et c’est encore là -bas qu’on essayera de franchir la ligne d’arrivée. J’ai deux dossards dont le deuxième qui est pour mon dos indique mon prénom en majuscule. Nous partons de l’appartement vers 8h10 sachant que la course commence à 8h30. On y est à 8h20. La place est bondée du monde. Une tibétaine nous accueille devant les grands tours de la Place d’Espagne et nous donne un corsaire sur lequel il est écrit « Save Tibet ». Derrière elle il y a un moine qui distribue également des corsaires avec qui je fais une photo de souvenir suite à la demande de mon amie qui ne rate aucune occasion pour me prendre en photo ou pour me filmer. A quelques minutes de la course, il faut que j’aille aux toilettes forcément … Je vais aux toilettes portatifs installées à côté de la Place pour le marathon et ensuite j’entre dans ce groupe de milliers de personnes pour attendre le départ. Je reçois beaucoup de coups involontaires de tous les côtés, c’est ma première expérience dans un grand marathon et évidemment j’ai moins de place que j’en avais au marathon de Sénart en 2003 …
J’entends des applaudissements, c’est parti donc. On commence à marcher et je donne 2 minutes et 38 secondes pour passer la ligne de départ. J’avais attendu pendant 6 ans pour passer une deuxième fois par cette ligne et 158 secondes de patience de plus n’était pas trop. Et voilà , toute préoccupation préjudicielle est effacée : Cette fois je suis dans l’événement et j’ai enfin la possibilité de courir mon deuxième marathon après en avoir raté deux.
La course
Je n’avais aucune préparation spécifique en vue d’un chronomètre déterminé. En effet je m'étais blessé en début du décembre 2008 et j'avais fais un arrêt complet de trois semaines à partir du mi-décembre. Depuis je ne faisais pas de VMA ni de seuil et je n'effectuais que des sorties d'endurance assez lent pour que ma blessure ne s'aggrave pas. Mais là j'étais dans la course et il fallait choisir une vitesse quelconque sans laquelle je ne pouvais pas bouger. Je n’ai pas de chronomètre avec moi, les premiers kilomètres je décide de me fier uniquement à mes sensations. Le début de la course se passe au nord-ouest de la ville avec un peu de montée. Nous faisons un grand tour autour de Camp Nou, le célèbre stade de football de FC Barcelone. L’ambiance est festive mais parfois j’ai du mal à me placer sur la route à cause du nombre élevé de participants. C’est pour la première fois que je cours avec quelques 9700 coureurs et je ne m’imagine pas comment ça se passerait dans un marathon plus connu et encore plus sollicité. Première alerte : Même si je venais juste de faire mon pipi, j’en ai de nouveau besoin. C’est énervant mais je ne peux rien faire pour ne pas m’arrêter vu qu’il n’existe pas de technologie d’équipement de coureur fournissant un remède à ce problème. Je passe le premier point de ravitaillement au 5ème kilomètre où je prends une bouteille d’eau. J’en bois un peu et je vois une cabine de toilettes à la fin du point d’alimentation. Je me dis qu’il n’est pas très intelligent de n’en mettre qu’une seule et je continue sans arrêt puisque j'y vois un coureur qui est en train de laisser sa place à une coureuse. Vive la politesse ! mais il faut trouver un autre moyen qui m’éviterait de faire la queue pendant une course quand même ! Et voilà , je vois plusieurs coureurs qui ont trouvé un endroit dans la nature et j’y vais directement. Même sans faire la queue, je pars avec à peu près 40 secondes de temps perdu. Bon, il ne faut pas y penser.
Après la pause, je remarque un peu de douleur à ma cuisse gauche et j’ai un peu peur d’avoir une crampe. C’est également énervant de m’inquiéter du danger de crampe aussitôt dans la course. Je m’étais étiré assez peu avant la course, mais bon, normalement je ne m’étire jamais pour des sorties en endurance et cela ne m’avait posé aucun problème. Rien à faire, je continue.
Je me colle au ballon du lièvre de 3h45 vers le 7ème kilomètre.
J’arrive au 10ème kilomètre où il y a un nouveau point de ravitaillement. Je prends une bouteille de 50 cl de Powerade. Je me culpabilisais d’avoir jeté la bouteille d’eau que j’avais prise au 5ème après seulement quelques gorgées et j’entre dans une réflexion trop romantique pour un coureur en me disant qu’il faut que j’en boive un peu plus avant de jeter cette deuxième bouteille. Et du coup je consomme la moitié (25 cl). Je me débarrasse de la bouteille avec une bonne conscience de ne pas en avoir gaspillé beaucoup jusqu’à ce que je remarque que je commence avoir des problèmes gastriques à cause de la quantité avalée.
J’essaie de voir la ville quand je me souviens que je suis à un pays étranger que je ne connais pas. Mais je n’arrive pas à le faire systématiquement puisque je suis concentré à ma foulée, à mon estomac et à ma cuisse. Je suis quand même assez content de courir assez à l’aise à allure de 3h45.
On continue à couler des milliers et des milliers de coureurs dans les rues de Barcelone. Soudain je vois une table à quelques dizaines de mètres en avant sachant qu'on a encore du chemin au point de ravitaillement du 15ème kilomètre. Je m'en approche et je remarque qu'une dizaine de gobelets de bière nous attendent sur la table qui est installée devant un bar. C'est apparemment les happy hours à la catalane mais je me contente de sourire à cette initiative de solidarité et décide de payer ma bière après la course. Je vois le même raisonnement dans le rire du coureur qui est à ma droite.
On passe à côté de Sagrada Familia au 16ème kilomètre. Je ne le regarde que quelques secondes, dommage que je n’aie pas de temps pour monter à son sommet !
Il y a une très grande délégation française à Barcelone. J’ai vu plusieurs coureurs et spectateurs français tout au long de la course et ils formaient certainement le pays étranger le mieux représenté.
On s’approche des 20 kilomètres et j’ai vraiment envie de quitter le ballon de 3h45 en augmentant mon allure. Mais je me calme, je me rappelle qu’un marathon est long. J’arrive au 20ème kilomètre et là et je n’y peux plus, je m’accélère et je m’éloigne du ballon orange qui m’a accompagné jusque là . Et j’arrive au passage de semi et je vois que mon temps réel et 1h50m et quelques secondes. Cela équivaudrait à un temps final de 3h40m. Mais vu que je venais juste de m’accélérer, je me dis que peut-être que je peux m’approcher des 3h30m finalement. Alors entre les 20ème et 30ème kilomètres j’essaie de maintenir cette allure. C’est la période où je suis impatient sachant que le test décisif ne débutera que dans l’entourage du 30ème kilomètre.
Nous sommes dans une petite rue et j'entends une fille crier "Corre Forest!". Elle tient une pancarte avec les mêmes mots et ça fait beaucoup d'effet sur son Forrest qui court assez proche de moi et qui perd certainement beaucoup d'énergie à force de rire pendant une minute à l'encouragement de son amie.
Vers le 29ème kilomètre, je vois un groupe de coureur au milieu de la route. C’est un endroit où il n’y a pas de place dans les côtés pour les spectateurs et donc il n’y a que les coureurs dans l’entourage. Je m’approche, je vois un jeune homme sur le sol. Il y a un coureur qui le tient de derrière, et le jeune homme a l’air d’avoir perdu sa conscience. Juste au moment où j’arrive sur une même ligne que lui je vois son visage qui est complètement blanc et ses pupilles qui sont aux bords de ses yeux. Celui qui le tient le secoue et un autre coureur commence à lui faire un massage cardiaque. Les coureurs qui l’entourent sont au nombre de quatre ou cinq. Ca ne servirait rien que je m’arrête et donc j’avance. Après cents mètres je vois un pompier qui essaye de courir avec son sac mais son allure est moins élevée que les coureurs qui avancent vers la direction contraire. J’entends un coureur derrière mois qui lui crie « faster ! ». J’avance encore cent mètres et je vois une ambulance qui entre d’un côté à la route où on court.
Je pense à ce qu’il se passe mais je ne peux rien faire et donc j’essaie de me concentrer sur ma course. J’ai une courbature au niveau de poitrine et ma respiration devient un peu difficile. Surtout après avoir vu ce que j’ai vu, je décide de réduire un peu ma vitesse pour ne pas prendre de risque inutile. Nous sommes au port de Barcelone et ca fait du bien d’être proche de la mer. Je souffre un peu mais je me sens confiant. A peu près au 36ème kilomètre je m’accélère un peu et je continue à une allure un peu plus soutenue. Au 37ème kilomètre on traverse la Place de Catalogne. Au 38ème kilomètre je réduis de nouveau ma vitesse en considérant qu’il y a encore pas mal de chemin à parcourir. Dans ces derniers kilomètres le nombre de spectateurs est augmenté et j’entends souvent des encouragements du public catalan et espagnol.
Au 39ème kilomètre, un coureur dit à un autre « mais tu ne peux pas faire ton chronomètre de Paris ici ! ». L’autre a l’air d’être mécontent. En ne connaissant pas son chronomètre du marathon de Paris, je me dis que je peux faire mieux que lui du moins à Barcelone et je les double.
Au 40ème kilomètre je me dis que c’est bientôt la fin et il faut juste tenir pendant un petit laps de tems. Et finalement je vois les deux tours de la Place d'Espagne. J’entends un groupe de rock dans les derniers quatre cents mètres et je vois les tibétains qui continuent à leur propagande entre les spectateurs. J’avance, j’avance et je suis sur la dernière ligne droite. Il y a trop de monde devant moi, je m’approche du côté du parcours pour avancer mieux. Et voilà le finish ! Je regarde l’affichage électronique qui m’indique un temps réel d’un peu plus de 3H30. Après la course j’apprends que mon temps réel est 3h30m10s. Bon, je suis content de mon chronomètre vu comment se sont passés mes derniers mois. Je prends ma bouteille d’eau et une nouvelle bouteille de Powerade que je finirai cette fois. Je mange un peu de bananes et de fruits secs. Je me sens très bien, j’ai un peu de courbatures à mes jambes certes mais globalement je me sens dans un très bon état.
En somme, je peux dire que cette compétition m'a donné beaucoup d’espoir et de motivation pour le futur. Mon état physique d'après course et le fait d’avoir fait ce chronomètre sans préparation spécifique me murmure que la barrière de 3 heures n’est pas loin. J’avais raté un marathon à la fin de 2008 à cause de mes problèmes musculaires mais apparemment mes entrainements de la période d’avant blessure sont maintenant partiellement payés. Ca me fait très plaisir de voir que mes efforts de cette époque sont enfin de compte couronnés par une belle compétition.
Après la course j’essaie de trouver éventuellement des informations sur le coureur que j’avais vu pendant la course. J’en trouve sur le site internet de marathon de Barcelone après mon retour à Paris. J’y lis ces quelques phrases :
« Le coureur irlandais Colin Dunne, 27 ans est mort à cause d’un défaut cardiovasculaire.
L’organisation de la Marató de Barcelona regrette communiquer la morte du coureur irlandais Colin Dunne pendant la course au km 34,5. L’attention reçue de manière immédiate par la Cruz Roja et le service 061 n’était pas utile parque que postérieurement les services médicaux ont confirmé qu’il est mort de manière immédiate. L’organisation s’est mis à la disposition de la famille et se trouve à leur côté ».
J’ai appris sur l’internet que sa sœur et sa fiancée l’attendaient à l’arrivée ce professeur de 27 ans. Et elles n'ont eu droit qu'à cette nouvelle affligeante ... La mort fait partie de la vie certes mais c’est dur de la voir se coller à un coureur pendant une fête sportive. Toutes mes pensées et mes sentiments pour la soeur, la fiancée et le reste de la famille de Colin Dunne.
Message édité par : Gezen / 06-03-2009 12:56 |