Laurent94
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gniaqueur

| Posté : 19-09-2012 22:57
Cela fait deux soirs de suite que je mets devant l’écran de mon PC pour tenter de vous relater mes maigres
exploits et quelques impressions de ma dernière course : le Trail de Seine-Mauldre (78). Il est vrai que je dois adapter ma prose au compte-rendu parfait et photos abondantes de l’Ami Hubert… J’aurai parfois envie de vous dire aller voir chez lui, tout y est, même les ânes. Je pourrais aussi vous exposer scientifiquement, kilomètres après kilomètres, mon temps de passage au Croisement de l’Arbre mort, mes sensations physiques, mes refoulements psychiques pulsés lors de chaque foulée, du genre « qui suis-je ? ou vais-je ? pourquoi ai-je repris deux fois du cassoulet hier soir ?». Je peux aussi vous évoquer, avec maints détails, mes troubles digestifs liés au mets référencé plus au-dessus….
Malgré l’intérêt de tous ces sujets forts intéressants, notamment le dernier (n’est-ce pas ?), je n’arrive pas à décrire le déroulé d’une course du point 0 à l’arrivée. No possible ! Ist nicht möglich ! Pourtant quand je lis vos compte rendus, cela m’amuse de suivre, pas à pas, foulées après foulées, vos exploits, vos sensations, vos chutes, vos calculs scientifiques mais aussi vos doublements sur la voie de droite sans mettre son clignotant et en plus sans regarder dans votre rétroviseur… Chaque fois, je me dis « allez Le Laurent, lance toi, racontes ta course en détail » et ben niet !
Voilà , cela devait être la fin de mon compte-rendu, finissant bravement sur ce constat d’échec.
Après quelques mouvements d’assouplissement du cervelet, je ne pouvais pas dignement rester sur un tel échec littéraire. Je dois bien avoir quelques choses à narrer sur cette course verdoyante qui a été aussi une belle rencontre de Pcatois (c’est que mieux que Pcatiens. Non ?) et ou j’ai eu l’immense privilège de gagner un chouette sac à dos, porte cubiténaire. Dommage, j’en avais déjà un… Pour ceux, qui sont intéressés, il est à vendre, à troquer (je cherche un porte bidon ceinture), donner ou échanger. C’est un Golite slipstream avec doubles bidons, de couleur jaune, très léger et avec un sifflet incorporé. On n’arrête pas le progrès… La poche à eau n’est malheureusement pas fournie mais est-elle nécessaire ? Pour plus de renseignements, vous pouvez vous rendre chez Hubert pour lire son compte-rendu qui lui est très détaillé et voir la photo de ce bijou de technologie pour runners assoiffés.
Après cet intermède « Ebaytien », une première pensée me vint à l’esprit. Pourquoi cette course s’appelle le Trail Seine-Mauldre. Je n’ai pas vu aucun de ces deux cours d’eau : juste un petit étang. Quand je suis allé courir le marathon de Marne et Gondoire, j’ai vu de mes yeux vus ces cours d’eau… Je pense vraiment que c’est purement à des fins commerciales. Ils sont malins les organisateurs désormais… Au-delà d’être rusés, ils nous ont concoctés une jolie course avec quelques montées où j’ai marché, je l’avoue et quelques descentes techniques où j’ai fait une pointe, dixit ma « Oh Ma Jolie Garmin » à 19,7 kms/ h. Parfois, j’ai quelques doutes sur cette machine mais là , je courrais vite, très vite, trop peut-être. J’avais l’impression d’avoir les genoux dans le menton : "clac, clac, clic, clac, faisaient mes dents !!! ". Mais surtout, j’ai eu les j’tons de me ramasser une gamelle !
Malgré le déploiement de techniques commerciales digne d’un Bernard Tapie en goguette, l’organisateur n’a pu réunir qu’environ 260 galopins (et galopines) sur ce trail. Je suis plutôt fervent de ce type de courses familiales mais là , je me suis dit dans ma descente proche de celle de Garmisch-Partenkirchen, frôlant les 20 bornes aux 60 minutes, si je me casse la margoulette, je suis foutu…Ils retrouveront mon squelette, dans le fossé, dans un an, lors de la prochaine édition. Alors j’ai freiné… Et là , qui je vois ? Mon éternel adversaire, croisé deux fois cette année, qui me passe en m’enrhumant et en me disant « merci » de le laisser passer tout en agitant sa main, comme César devant Vercingétorix à Alésia. Pour ceux qui suivent mes aventures, j’avais failli le rattraper le gredin lors des dernières Foulées des Thermes et qui lorsque, j’ai voulu le doubler à quelques encablures de la ligne d’arrivée, il est reparti de plus belle me laissant seul avec désespoir, incompréhension et souffrances…
Cette fois, Je suis dit, tu ne vas pas en rester là . Alors me voilà emboîtant le pas de ce doubleur extraverti, à partir du 15ème kilomètre. Mais là , Oh Désespoir, Oh Tristesse, Oh Mélancolie, mes guiboles en pleine préparation du marathon d’Athènes (j’avais déjà couru 15 kms le samedi…) n’ont pas suivi alors je l’ai suivi que des yeux, s’éloigner à travers champs et talus. J’ai bien eu un regain endorphinique à deux kms de l’arrivée quand je me suis retrouvé accroché par quatre Vieux V1, comme moi. Une fois dans la journée, c’est bon, je m’appelle pas « Super Doublé » ; je suis un vrai « Killer » ! Moi, quand je viens sur une course, c’est pour tout donner sinon je reste chez Maman à manger des tucs devant Michel Drucker. Ils m’ont énervé ces garnements à me suivre au train, en matant mon popotin et en attendant le moment propice de décrépitudes pour me voler ma place dignement gagnée. Alors, j’ai profité du dernier raidillon pour lancer les offensives et là , le turbo (que diesel !) s’est mis en route jusqu’à la ligne d’arrivée. J’ai repris mon souffle et de la vitesse.
Et là qu’est-ce que je vois à dans la dernière ligne droite arrivant au bar tabac du coin (qui fait aussi pmu, épicerie, coiffeur et sex shop), Mon Doubleur invétéré. Vous voyez la scène : vous êtes à 250 m de l’arrivée, un type qui vous a laissé choir indignement quelques kilomètres plus tôt, peinant à finir sa course, à 100 m de vous. Vous vous dîtes, cela va être possible, je vais me le faire le Tartuffe. Vous serrez les dents, vous y êtes presque… 20 mètres me séparent de lui. Vous entrevoyez se profiler votre victoire. Et là , comme tout grand coureur, il sent le danger, il perçoit une menace, il se retourne et instinctivement il reprend sa foulée pour finir quelques secondes devant vous. Vous passez la ligne d’arrivée en cliquant sur votre montre 1 : 58 et quelque secondes pour 22,7 kms…
Et là , dans un geste de liberté, de fraternité mais aussi de presque égalité. Il vous serre la main… La Madame de l’arrivée qui a tout vu de ce combat final, gargantuesque et presque total vous dit avec un grand sourire « bravo ». Et au lieu de barrer votre dossard d’un trait de marqueur, elle dépose délicatement sa signature…
C’est beau la course à pied. Vous ne trouvez pas ?
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