melanisse
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meneur

| Posté : 01-07-2013 15:30
Un mois et demi avant cette course, nous décidons de passer du 177 kms au 87 kms, le Trail du Limousin m'a fait prendre conscience des sacrifices qui entourent ma pratique de la cap.
Du coup, ce court séjour en Bretagne sera l'occasion de profiter en famille de la région et de consacrer une bonne partie de la 3ème nuit à la cap.
Tout le monde y trouve son compte.
Néanmoins, je ne suis pas spécialement en confiance, malgré qu'on m'annonce favorite.
Je sais que j'ai abusé des Trail depuis janvier, et mon corps met le olà , depuis la Grammoirienne, je souffre d'un mal de dos, provoqué très certainement par la course mais également par l'accumulation de fatigue au boulot.
2 rv ostéo et le dos se libère doucement des tensions, je reprends un peu de confiance mais une fatigue réelle est bien présente.
Ce sera donc une ballade avant tout.
Jeudi soir arrivée en Bretagne, le beau temps est avec nous et nous profitons pleinement de l'air marin.
Les nuits sont qui plus est récupératrices.
Le plus dur sera peut être de trouver des pates ou riz dans une région où les crêpes sont reines.
Samedi, tout est prêt, autant la veille, je ne me sentais pas motivée, autant ce jour , je ne tiens pas en place et j'ai hâte de prendre le départ.
Mais quelques mauvais signes pointent leur nez, j'ai commandé le road book mais je l'ai oublié à la maison :( (bon après coup, vu le balisage exceptionnel, il n'était pas d'utilité), et j'ai oublié mes chaussettes pour la course, non pas que je n'ai qu'une parie de chaussettes, loin de là , mais j'ai ma fétiche :)
Nous prenons la route et arrivons aux alentours de midi, récupérons les dossards et essayons de voir si des coureurs du SNLS44 sont présents.
Nous retrouvons ensuite Jacky et Marie qui seront nos premiers supporters ;)
En arrivant si tôt, nous aurons ainsi la chance de voir l'arrivée de Christian DILMI, et il faut le dire, cette arrivée me donnera la chair de poule et la larme à l'oeil, ouahhh, arrivé au bout de 177 kms avec cette forme là !!!.
Près de 15h, il est temps de regagner les navettes qui nous amèneront à Locmariaquer lieu de départ du 87 kms.
Déjà ,j'aime un peu moins l'ambiance, certains coureurs/euses y vont de leur exploit, de leurs "moi je sais tout", et ça m'agace franchement.
Arrivée sur Locmariaquer, on constate que le soleil va être au rendez vous et plus les minutes passent plus il se fait "cuisant".
Surprise, Jacky et Marie, sont venus nous rejoindre, ça nous permet de moins se focaliser sur le départ et de se détendre avant course.
H-15': on regagne tous le stade pour le départ, bonne musique d'ambiance, on sent qu'on part pour quelque chose de grandiose :)
Le top départ est donné, un rapide coucou à Didier qui est venu en tant qu'accompagnateur de notre Jean Baptiste du 49.
Il fait chaud, et le camel est lourd, je sens que cela ne va pas ĂŞtre de tout repos mĂŞme si les jambes vont bien.
Quelques jours plus tôt ,nous avons opté , Jérôme et moi, au vu de la forme, de faire ce Raid ensemble.
Nous nous calons sur une vitesse autour des 9,5 kms qu'il faut souvent réguler.
Très vite nous entrons dans le vide du sujet, et comme je m'y attendais "que ma Bretagne est belle" , je n'ai rien vu de plus magnifique (bon ok les bretons sont chauvins, et on ne peut m'enlever de l'idée que la Bretagne est la plus belle région ;)) .
J'en prends plein la vue, et les narines,et oui , l'odeur de goemon est bien présente, le reflet de la mer si beau.
Le parcours se fera de sentiers boisés, non négligeables en ce début de course bien ensoleillé, afin de profiter d'un peu d'ombres, de sentiers cotiers, de bords de plage, d'un peu de bitume, trop pour certains, très bien pour moi, véritable routarde.
Mais il fait très chaud, nous transpirons comme vache qui pisse (nouvelle expression;)) , les corps ne sont pas habitués du tout.
Je commence à sentir des points de côtés à droite à gauche, je sens que ça va être dur.
Qui plus est l'adducteur gauche fait des siennes ,le bonheur ;)
Au 15ème km environ ,premier point d'eau, j'en profite pour boire, me rafraichir la tête ,on repart tranquillement car le premier point de controle arrive, nous faisons la queue pour le pointage et là j'avoue je suis extrêmement agacée par le comportement de coureurs et coureuses,qui pendant que nous faisons la queue ceux-ci se permettent de doubler au pointage, mince alors!!! On n'en est qu'à 15 bornes!!!
Nous repartons sur le même rythme, et profitons du paysage qui de ce côté là je dois le dire, est magnifiquement agréable.
Je dois résister à l'envie de me poser sur un rocher et d'admirer.
Côté organisation c'est au top, des bénévoles sympathiques, du public encourageant un balisage sans fautes.
Chapeau!!!
Au 26 ème km, arrive le ravitaillement d'Auray, j'ai plus que chaud, j'ai envie de glace au citron, de pasteque et même d'une bière fraiche, le public est là , la bière à la main grrrrrrrrrrrrr
Je sais que je suis en train de subir un gros coup de chaleur, je me jette sur les tranches d'orange et enfile 2 verre de suite d'eau gazeuse fraiche, tout ce que je ne prend pas habituellement sur course.
Mais l'eau plate me dégoute, et je ne peux rien manger, c'est le début du calvaire côté estomac.
A partir de ce moment je suis prise de nausées et de maux d'estomac, je n'ai pu prendre qu'une barre salée et une pate d'amande depuis le départ.
J'essaie de prendre sur moi, mais tout ce qu'il reste à faire dans ces conditions me démotive ,j'ai même envie de lâcher.
Mais Jérôme, me dit que pour lui aussi c'est dur et qu'il va devoir gérer, d'un côté je me dis que je suis pas la seule à subir.
Chose que je vais constater chez les autres coureurs Ă©galement.
Cela fait déjà un petit moment que les coureurs alternent marche et course, certains sont déjà en train de vomir, d'autres souffrant de crampes.
On double, on se refait doubler, on fait le yoyo entre coureurs.
La route défile tranquillement et je m'accroche au paysage, tentant de boire un chouia toutes les 15' même si boire également est difficile.
Au 39ème km, nouveau point d'eau , avec ravito solide que je n'avais pas prévu, mais bon pour moi ça change rien , je laisse ma part aux autres ;)
Plusieurs abandons sur ce PC , beaucoup ont souffert de la chaleur.
J'en profite pour appeler ma mère et les enfants afin qu'ils ne s'étonnent pas demain matin, j'ai revu mon objectif à la baisse et au lieu des 11h prévus , je compte plus 12h/13h.
Je râle car je souhaiterai rentrer tot, dormir un chouia pour permettre au reste de la famille de profiter du dimanche, au final c'est plus ça qui me travaille que la course en elle même.
J'ai de la route à faire après la course , et tout ces parasites m'empechent de me reconcentrer.
Allez on repart, je me fixe sur le prochain ravito dans 7 kms et la tombée de la nuit qui approche, il faut l'atteindre au plus tôt, tout ce qui sera fait avant d'avoir la frontale est un plus, car la nuit évidemment tout est si diffférent.
A 1 km de Larmor Baden, nous devons tout de même prendre les frontales, le terrain est jonché de racines et de pierres rocheuses, nous risquons à tout moment la chute.
Il nous est plus difficile de courir, quand le terrain n'est pas accidenté, nous courons, pour le reste nous marchons, pas simple à gérer quand l'envie de courir est là mais que le risque de chute aussi.
Nous arrivons enfin au 46ème km (47 ème à notre gps) , un plateau chaud nous attend, les nausées sont parties et je me force à manger un peu de purée de jambon et de saucisson, le sucré est banni jusqu'à la fin de course
:(
Nous décidons de changer de maillot et de mettre le coupe vent pour ma part, nous ne trainons pas de trop, pour éviter que les jambes s'engourdissent et pour ne pas se laisser demotiver par les nouveaux abandons.
Un rapide sms à Jacky pour lui donner notre avancée et reprendre de l'énergie et c'est reparti.
On sait que la nuit va ĂŞtre dure, la fatigue va arriver c'est sur, de nuit, nous avons l'impression que les kms bretons sont plus longs, et le paysage n'est plus lĂ pour nous motiver.
Une chance, l'odeur du goemon me dynamise Ă chaque fois et me rappelle mes souvenirs d'enfance.
Bien sur après le repas, les nausées font leur retour c'est reparti pour un tour, je gère comme je peux.
Vers 1h du matin, mon GPS me lâche, il va falloir y aller au feeling, pas de repère kilometrique, tant pis.
C'est aussi entre 1h et 2h du matin que je retrouve la pêche, j'ai quitté le coupe vent car très vite ,j'ai eu de nouveau chaud, je gère mon estomac et me fait à l'idée que la balance va être contente à l'arrivée (toujours trouver du positif même quand il n'y en a pas ;))
Je chantonne dans ma tĂŞte un nouvel air breton" t'as voulu voir la Bretagne , tu vois la Bretagne :)"
Ma TFL à commence à se réveiller, pas prévue celle là , pas du tout prévue.
Pas le moment qu'elle se réveille complètement où je n'aurai plus qu'à stopper au prochain CP.
Je sens tout de mĂŞme la fatigue prendre le dessus, quand je constate que le quartier de lune a deux yeux , un nez et une bouche, oui, oui, c'est ce que j'ai vu...
Je ne suis pas la seule à être fatiguée, mais pour les coureurs du 177 kms, c'est compréhensible, certains s'arrête sur l'herbe pour dormir, d'autres titubent en marchant, je suis épatée par leur effort et les félicite lorsqu'on les double.
Avec JĂ©rĂ´me, on alterne les coups de mous, les coups de mieux, ce qui va nous emmener jusqu'au km 61 pour le prochain ravitaillement,c'est le dernier en solide, j'essaie de manger quelque chose, je teste le fromage qui me donne envie...mais qui restera au final dans ma main uniquement .
On ne s'attarde pas , on repart.
10 kms pour atteindre Arradon, je revis sur les portions de bitume et à l'inverse je suis blasée de voir les sentiers racineux où l'on ne peut pas courir histoire de voir s'avancer plus vite les kms.
Je me dis que le 56 kms n'aurait pas été si mal, et puis balaie les pensées quand je repense aux coureurs du SNLS qui étaient sur le 80 kms du Mont Blanc, et moi je râle, non mais oh!!!
Les minutes défilent rapidement, les kms un peu moins, une chose est sure on sera finishers, et ça, ça booste!!!
Jérôme essuiera une chute assez risquée, sans le rondin de bois qui l'a retenu ,il serait tombé bien bas.
J'essaie de gérer mes appuis afin que le genou ne prenne pas trop.
On arrive finalement au dernier ravitaillement, je recharge en eau car je n'ai plus rien, du côté hydratation je gère mieux, et je suis moins dégoutée.
On sait qu'il nous reste 16 kms.
16 kms ce n'est rien habituellement mais tellement pour un organisme fatigué.
Je tente de me mettre dans la peau d'un coureur du 177 qui pour lui ces 16 kms annonceraient la délivrance...
Pas dur de se l'imaginer car pour moi ça en sera une aussi :)
Je revois l'état dans lequel Christian Dilmi est arrivé , si frais à côté de nous.
Et puis, lorsque l'on voit de l'autre côté les coureurs qui nous devancent, qu'on a l'impression qu'ils ne sont pas si loin , mais qu'au final on se rend compte que la distance est énorme, là il faut s'accrocher, mais bon positiver en se disant que la même chose attend ceux qui sont derrière ;)
Après quelques kms côtiers, où nous profitons de nouveau de l'air marin, apparait un sublime panneau (bon ok pour le plus commun d'entre nous, ce panneau n'aurait rien de sublime ;)) où est indiqué "Plus que 10 kms , allez courage"
Car une fois que ce panneau est dépassé, rien n'est pareil, 10, c'est quand même le rapprochement d'un chiffre sans dizaine: le 9, et 9 c'est tellement plus facile que 10 :) Bon, ok , le cerveau ne pense pas normalement en plein effort.
Bizarrement, ça nous redonne des ailes, les parties marchées sont plus rares, et les parties courues plus rapide.
Dernier point de controle, on nous annonce qu'il reste 4,5 kms.
"Euhhhhhhhhh impossible, il est juste lĂ le port, juste devant, lĂ tu vois, juste lĂ ,en face, Ă 100m en vol d'oiseau..."
De nouveau, le cerveau ne fonctionne plus, j'ai oublié la loi du Trail : "plus c'est long, plus c'est bon " (qui ne vaut qu'en Trail ;))
Depuis le panneau des 10 kms, nous ne cessons de doubler les coureurs, et sur cette dernière partie il en sera tout autant, l'adrénaline de la fin est là , nous sommes impatients de devenir finishers, et les encouragements des lève tot (ou couche tard) nous donnent des ailes.
Allez, un petit tour sur le quai et demi tour vers l'arche d'arrivée.
Une petite photo à 100m de l'arrivée, on pose et nous passons sous l'Arche.
87 kms vaincus en 12h45'35" en temps réel loin des 11h prévues , classée 389è/739, 35è féminine sur 116 et 11è SF sur 22.
Au vu de mon coup de chaleur et de mon estomac je suis contente de ce résultat.
Hier, il ne fallait plus me parler de cap, euhhh bon maintenant c'est tout autre.
Cependant, personnellement bien sur, je n'ai pas trouvé d'intérêt à la partie nuit, j'aimerai bien refaire ce 87kms, un jour...si le départ se fait le matin .
Une course en duo bien gérée mutuellement, comme nous n'en avions pas faite depuis Semnon.
Maintenant repos et vacances en famille.
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