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Marathon de la Jordanne (15) 49 km et 1900 m D+ - Edition du 20/06/2015
marie58

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 gniaqueur

  Posté : 26-06-2015 16:44

Ce week-end, nous l'attendions avec impatience avec mon mari... en effet, il allait se mesurer à son premier ultra trail (105 km et 5600 m de D+) et moi mon premier marathon trail (49 km et 1900 m de D+). Je n'ai jamais fait si long et si "pentu"... comment mon corps va t-il réagir, comment mon esprit va aborder les choses!!! Autant de questions et de doutes se bousculent dans ma tête!!! mais rien ne me ferait reculer...!!!
Mon mari prend le départ de sa course à Minuit dans la nuit du vendredi au samedi... et espère simplement se faire plaisir et finir.... Après l'avoir embrassé, encouragé et photographié... je retourne me coucher pour être en forme le lendemain.
Un bus emmènent tous les coureurs du marathon d'Aurillac à Mandailles d'où se fera le départ...
10h00, c'est parti pour... je ne sais pas combien de temps... Il n'y a pas de barrières horaires... donc pas de pression et surtout penser à profiter des paysages...
Et la journée sera faite de montées interminables, bien raides, pour une fois en haut de tous ces puys avoir une vue à 360° sur les monts du cantal... ma région natale... que j'avais un peu oubliée (n'y retournant pas souvnt), et du coup énormément d'émotions ont ressurgi et je me suis délectée de ce grand air et de cette beauté...
Les heures sont rythmées par des passages techniques (ah!!! la montée et la descente du puy Griou!!!! je m'en rappelerais pendant de nombreuses années... un puy fait de cailloux et de grosses roches.... la moitié du temps à quatre pattes!!!! Où est ma dignité à ce moment là!!!!) , des passages plus tranquilles (ah... ça fait du bien), des descentes (ouh là là... ça va vite non!!!), des paroles échangées avec mes compagnons de route qui changent en fonction de la forme de chacun...

Trois ravitaillements sur le parcours, des bénévoles aux petits soins, il faut à chaque fois penser à "badger". Je ne me pose jamais longtemps de peur de ne pas pouvoir repartir, je prends à chaque fois un verre de coca, un quartier d'orange, un verre d'eau... Ni plus, ni moins. Je fais recharger mon sac à eau.... et je repars, sans me poser trop de questions sur le temps qui passe même si je vois bien que mon allure n'est pas des plus rapides... Les côtes les plus raides sont sur les deux premiers tiers de la course donc je me dis que la fin devrait être plus "roulante"... Avant le deuxième ravitaillement, je me fais piquer à un doigt par une guêpe... pas cool ça... j'oublie de le signaler au ravitaillement et quelque temps après je m'aperçois que j'ai une moitié de la main bien gonflée... un doute s'installe, que faire, retourner au ravitaillement? Je ne vais quand même pas arrêter la course pour ça!!! j'arrose ma main avec l'eau de mon sac... on verra bien... Les choses n'ont pas empirées... ouf!!!

Les kilomètres défilent, je commence réellement à être dans le dur, à me demander si je vais y arriver... les autres coureurs sont aussi dans le dur, les échanges de paroles se font plus rares, mais nous ne sommes pas seuls... c'est important.... En fait, il y aura toujours quelqu'un autour puisque depuis le 6ème km, le parcours est identique à celui des ultra-traileurs qui eux ont par contre déjà 60 km dans les jambes... et beaucoup me doubleront... Quelle force physique et mentale!!!

Enfin nous arrivons sur les hauteurs d'Aurillac et il reste 5km mais aussi le puy Courny à franchir... et là il me faut vraiment me mettre en mode robot car une petite voix intérieure me dit d'arrêter, que je n'en peux plus, que cette dernière côte est infranchissable...!!! Je m'arrête un instant, je la défie du regard et j'y vais, les mains sur les cuisses pour m'aider et surtout ne plus réfléchir, se dire que l'arrivée n'en sera que plus magique... Et là, nouvelle mésaventure, puisqu'avant la denrière côte il me faut me baisser sous un fil délimitant les champs... sauf qu'il était électrifié et que devant ma souplesse à cet instant précis, je n'ai pu me baisser assez et j'ai reçu une décharge dont je me rappelerais... qui m'a couchée à terre!!!!.... Mais qu'est-ce que je suis venue faire dans cette galère....!!!! Après un bref "état des lieux"... et après avoir digérer l'angoisse créée par la décharge... je décide de poursuivre et d'enfin en finir ... et surtout d'admirer une dernière fois le panorama...

Dernière descente, je commence à entendre le speaker... je donne tout ce qu'il me reste, l'arrivée dans Aurillac me redonne de l'énergie, le public est là... j'ai une vue sur le clocher de l'église, très proche de l'arche d'arrivée, à peine 19h... j'accélère, je me dis "allez tu finis en moins de 9 heures de course..." je donne tout ce que j'ai et je franchis la ligne en 9h00'09".... Vidée, exténuée... mais tellement heureuse d'être allée au bout!!!!
Je me pose.... pour savourer cet instant... et à ce moment précis je me dis que je suis allée au bout de mes capacités physiques et mentales, que mon organisme tout entier ne pourra pas faire plus dur.... que mes limites sont atteintes en matières de course à pied et d'effort physique !!!!

Et puis, le lendemain... je me surprends à penser : "les limites sont faites pour être dépassées....!!!"

Et pour la fin de cette belle histoire : Mon mari a bouclé son parcours en 21h, franchissant la ligne avec un sourire fabuleux qui restera lui aussi gravé longtemps dans ma mémoire....!!!!! Et tout cela, je jour même de notre 23ème anniversaire de mariage!!!








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