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PETITRENARDBLEU : Bonjour eric92 ! merci d’avoir accepté d’être ma 1re « victime » !
ERIC92 : C'est avec un grand plaisir. Pour le terme "victime" on verra à la fin de l’interview si je suis encore en vie...
PETITRENARDBLEU : Qui es-tu Eric ?
ERIC92 : Bon alors tout a commencé le 10 juillet 1973 à Caen en Normandie.
J'ai donc 36 ans, je suis marié et j'ai la chance d'avoir trois enfants.
Après une scolarité dans de belles villes (Cabourg et Deauville) et mon BAC D en poche je m'oriente vers une "carrière sociale".
Je commence 3 années et demi d'études d'infirmier.
Je suis diplômé fin 96 et en janvier 1997 j'accomplis mon devoir de citoyen...
Je suis appelé sous les drapeaux, comme on disait à l'époque.
Et oui le service national existait encore à cette période.
Mais c'est surtout là que je découvre le SSA (le Service de Santé des Armées).
Je suis assez attiré par certaines valeurs et la "rigueur des Militaires".
Je m'engage donc à la fin de mon service national.
En 2003 je reprends des études et je deviens cadre de santé.
PETITRENARDBLEU : Tu fais partie de ceux qui sont les plus attentifs aux autres sur le site ; pourquoi une telle empathie ?
ERIC92 : Voir réponse au-dessus !!!
Non sans rire, je pense effectivement que mon premier métier (infirmier) n’est pas sans rapport avec cette empathie.
Mais aussi peut-être parce que je suis « trop gentil » (certains pourraient dire naïf), je pense que les gens ne sont pas « mauvais » à la base.
J’aime bien ce que j’appelle les « gens vrais » qui, comme moi, disent ce qu’ils pensent et font ce qu’ils disent.
J’aime les gens vrais, honnêtes et sincères.
Et comme je suis comme ça, je pense (j’espère !!!) que les autres sont aussi comme ça !!!
Après c’est aussi « une philosophie de vie », j’ai vu mourir beaucoup de personnes (trop vite, trop fâchées avec leurs proches, trop seules, trop…), beaucoup de malades, beaucoup de tristesse, donc je suis vite arrivé à une conclusion simple : prends la vie du bon côté et tout ce qui est positif c’est tout bénef. Il vaut mieux garder en tête ce « positif » pour pouvoir avancer.
C’est un peu comme ma première course que j’ai abandonnée, elle aurait pu gâcher les suivantes mais non, cet abandon m’a renforcé. C’est le positif de cet abandon.
PETITRENARDBLEU : La course à pied pour toi : une aventure, un défi, un besoin (tes runnings t’appellent-elles dans le placard ?...), autre terme ?
ERIC92 : C’est surtout une aventure récente.
J’ai un parcours de grand sportif (là, ceux qui me connaissent sont morts de rire).
Non, à part du judo et du ju jitsu dans mon adolescence, il n’y avait pas vraiment d’activité physique jusqu’en janvier 2009 dans ma vie (sauf du tir à l’arc pendant quelques années).
En septembre 2008 je me suis mis au régime et après 3 mois et 10 kilos en moins je me suis dit : "tu as fait un gros effort pour maigrir, tu as 35 ans, cela serait bête de tout perdre maintenant. Il serait bien de reprendre une activité physique (plus physique que le tir à l’arc)".
Après une visite chez le médecin et un test d’effort je suis apte à reprendre une vraie activité physique.
Ce sera la course à pied. Pourquoi ? C’est le plus facile tout simplement…
Et là grosse surprise j’ai vite attrapé le virus.
Je suis passé de 2 minutes de course plus 2 minutes de marche, deux à trois fois par séance, à une première compétition de 5 km 325 (les 325 sont importants à cette époque, si, si, je vous assure) deux mois plus tard.
Maintenant c’est un besoin, si je ne cours pas pendant quelques jours ou si je rate une séance, je suis en train de rechercher quand je vais pouvoir « rattraper » cette séance…
Un défi ? Oui aussi, toujours un peu plus de kilomètres, un peu plus vite, un peu moins mal, etc.
Je suis passé d’un 5 km 325 (oui, oui, 325) à un 10 km puis 12, puis encore plus, pour arriver actuellement à un semi-marathon.
Donc oui un défi à chaque fois mais sans grande prise de tête car courir c’est avant tout une aventure.
Des rencontres (comme avec riri17), des partages, des complicités et des histoires communes qui se construisent à chaque course ou à chaque entraînement. Oui c’est ça le plus important pour moi, la rencontre et le partage.
C’est sûrement pour cela que je suis bien sur PCaP.fr, c’est cet esprit de partage et sans jugement qui permet à des « petits » comme moi de côtoyer des extra-terrestres (comme MARC78, francinedefi, lacrime, etc.). Et me permet de prendre plein de conseils...
PETITRENARDBLEU : Eric, tes réponses sont le reflet de ton âme… merci…
Dis, quelle part fais-tu à la compétition, quelle est-elle pour toi, et par rapport à tes sorties pour le seul plaisir ?
ERIC92 : La compétition n’est pas une finalité pour moi, je ne vise pas les podiums ou les chronos (d’abord je n’en suis pas capable).
Mais j’essaye de faire une à deux compétitions par mois, cela me permet d’avoir des repères sur ma progression et mon état de forme.
Donc la compétition ce n’est qu’un moyen pour moi et non une finalité absolue.
Et puis à force d’aller sur les compétitions tu rencontres quelques personnes que tu as déjà vues d’ici ou de là, un mot ou deux échangés, une complicité de quelques minutes, ça c’est sympa aussi, non ? C’est dans cet esprit que j’aborde la compétition.
Et c’est sûrement aussi pour cela que j’aime de plus en plus les courses dites natures ou trail, l’esprit est plus détendu, la convivialité et l’entraide sont de mise. Certaines courses de ce type ont même un « code » à respecter sous peine de disqualification. J'aime bien cette idée de respect de l'autre. Une sorte de « dix commandements bibliques » euh non de dix commandements « runningtisques ».
Après, mes sorties d’entraînement se réalisent en solitaire. Je ne suis pas licencié (mais ce n’est pas forcément un exemple à suivre…) et je ne suis pas inscrit dans un club ou une association sportive.
Je cours soit avec mon MP3 soit sans, mais toujours (ou presque) avec une casquette (elle me sert à me protéger du soleil ou de la pluie).
PETITRENARDBLEU : Peux-tu nous dire ce qui se passe dans ta tête, dans tes jambes, dans ton corps, quand tu cours ?
ERIC92 : C’est assez varié en fait : soit c’est le vide total (mais c’est rare), soit je suis en train de réfléchir, de cogiter, de me refaire le film de tel ou tel événement vécu au boulot par exemple. Ou de préparer les idées du prochain CR pour PCaP.fr
Ou simplement j’écoute ma musique…
J’en profite aussi pour faire mon curieux, je regarde les maisons, les jardins… ah ! Tiens ! cette maison a une piscine, ce petit parterre de fleurs c’est une bonne idée, les volets de cette couleur je n’aime pas etc., des choses essentielles quoi !!!
Et puis des fois il y a des séances plus dures que d’autres, et là je vais chercher des images positives : la ligne franchie de mon premier semi-marathon, la course relais en 6 h des Barjots des cotos avec riri17 et une autre amie, cette séance de fractionné que j’ai bien « avalée » etc. Et parfois aussi je me concentre sur autre chose que la difficulté, je m’enferme (me concentre plus exactement) sur un truc et je ne pense qu’à cela. Comme par exemple, une ou deux fois, je me suis repassé toutes mes tables de multiplications, c’est un peu c… mais pendant ce temps je ne pensais pas que je souffrais (en plus ce n’est pas forcement évident de compter quand tu es mal, il faut essayer pour voir).
PETITRENARDBLEU : (excellent, l'idée des tables de multiplication !!! D'autres s'y essaieront-ils ?)
Cours-tu seul de préférence, accompagné, et les endroits que tu choisis ont-ils une influence ?
ERIC92 : Je cours seul comme je l’ai dit au-dessus et je dois avouer que cela me fait un peu peur en prévision des rencontres éventuelles avec des membres de PCaP ou autres.
Est-ce que je pourrais m’adapter au rythme de quelqu’un qui serait différent du mien ?
Après, les endroits sont plutôt « nature » mais pas exclusivement.
J’ai la chance d’habiter une ville où il y a de nombreux parcs et forêts donc je peux courir « sur l’herbe » sans grande difficulté, mais j’aime bien aussi courir sur les trottoirs (il faut bien aller jusqu’au parc !!!).
Après, si je prépare ma séance avec un objectif particulier, j’essaie d’adapter mon terrain à l’objectif (du plat pour les fractionnés, des côtes pour le travail en… côte, etc.).
Par contre j’essaie de ne pas prendre ma voiture pour aller courir (c’est mon côté écolo), je cours donc souvent près de chez moi mais avec des parcours toujours différents (je n’ai pas encore repéré toutes les piscines et les parterres de fleurs du quartier !!!).
Ah ! Tiens l’écologie, ça aussi c’est un truc qui me plaît bien. Et qui me fait hérisser le poil quand je vois les emballages de gels ou autres aliments de la performance joncher le sol des courses. Il est si simple de le garder, de le remettre dans sa poche et de le jeter à la poubelle une fois arrivé, non ? Et ce n’est pas les quelques grammes que pèse l’emballage du gel vide qui vont faire que j’arriverai moins vite à la ligne finale.
Bon je m’égare. Mais bon quand même…
Moi, par exemple, le gobelet si gentiment tendu par une petite main lors des ravitaillements, soit je le jette dans la poubelle prévue à cet effet, soit je le redonne à une autre petite main d’un autre bénévole qui se trouve un peu plus loin sur le parcours (au passage ils sont souvent surpris, je suis peut-être le seul à faire cela !!!).
PETITRENARDBLEU : (Ton regard sur la nature va sans doute plaire à beaucoup ! Non, tu ne t’égares pas du tout Eric … La nature est notre terrain de passion, alors, rendons-lui en effet un minimum de reconnaissance !...)
As-tu des moments de découragement par rapport à la càp, ou bien aussi des ressentis d’enthousiasme particulier ? Tout cela te fait-il alors avancer davantage, sur tous les plans ?
ERIC92 : Des moments de découragement, pas vraiment, jusqu’à il y a quelques semaines… j’ai rien dit sur le forum mais je me suis fait un peu peur.
Lors d’une sortie après 2 ou 3 km j’ai ressenti une douleur au niveau du sein gauche.
J’ai pensé à un petit problème pour mon petit cœur (déformation professionnelle, je travaille en cardiologie !!!) bon, mais après une grosse frayeur et l’avis de mon patron il n’y avait rien d’alarmant.
Alors oui j’ai eu des doutes (pour ma santé bien sûr) mais aussi parce que je me voyais déjà dans l’obligation d’arrêter la càp.
Sinon au regard de ma courte carrière, je n’ai pas vraiment eu de doute sauf peut être cet été sur une course de 10 km où j’ai abandonné devant ma femme et mes enfants. J’étais triste car c’était la première fois que toute la petite famille m’accompagnait sur une course.
Bon mais passons plutôt aux moments agréables.
Et là il y en a plusieurs : la rencontre avec riri17, mon premier semi, cette course de 6 heures en relais avec riri17 (encore), mon premier 10 kilomètres chez mon frère en moins d’une heure et tous les prochains bons moments avec les membres de PCaP ou seul.
Et oui cela me fait avancer sur la pratique de la càp bien sûr, mais aussi dans la vie pour mon équilibre personnel.
Petit à petit je me construis un beau capital qui permet de se dépasser.
En fait je crois que la càp a pris sans que je m’en rende compte une place importante dans ma vie. (Et dire qu’il y a moins d’un an je n’aimais pas courir...).
PETITRENARDBLEU : Dans ton métier de santé, es-tu parfois tenté ou même amené à conseiller des malades ou personnes fragiles à s’essayer à la càp ?
ERIC92 : Non pas vraiment, ni des malades ni des personnes fragilisées.
Parce que je ne pense pas avoir assez de « légitimité » dans le domaine pour l’instant.
Mais cette année j’ai réussi à monter deux équipes de quatre coureurs pour participer à une course organisée au sein de l’hôpital. L’exploit n’était pas de faire deux équipes mais de faire courir des personnes qui n’avaient pas chaussé des baskets depuis... ouf, et même plus que cela. Et puis les effets secondaires de cette course c’est l’arrêt du tabac pour trois coureuses après cette course (et ça c’est ma grande victoire).
Et « rebelote » pour fin novembre pour une bonne cause, (celle des restos du cœur) où j’ai de nouveau monté une équipe (peut-être deux) pour une course en relais de 18 km au total.
PETITRENARDBLEU : Que t’apporte Passion Course à Pied ?
ERIC92 : J’ai beaucoup de plaisir à venir (presque tous les jours voire même plusieurs fois par jour...) sur PCaP car les échanges sont sincères et que chacun peut s’exprimer sans « peur » du regard des autres ou sans crainte de se faire « envoyer promener ».
C’est un vrai moment de détente et de partage virtuel. J’ai l’impression de connaître un peu lacrime, hubert75003, francinedefi, MARC78, Valessa, titpus… la liste serait trop longue pour les citer tous. J’espère avoir la chance de croiser l’un ou l’une de temps en temps.
PETITRENARDBLEU : Quel(s) message(s) voudrais-tu lancer à tous ceux qui fréquentent PCaP, et à tous ceux qui vont te lire ici ? (lâche-toi Eric !!!).
ERIC92 : Premièrement je voudrais lancer un message personnel si tu me permets.
Je voudrais dire un grand merci à soleia pour faire vivre ce site et pour le temps qu’elle consacre à PCaP (c’est vrai qu’elle n’est pas la seule mais c’est un peu le boss quand même). Merci Soleia, merci et encore merci (mille bisous pour toi).
Après je voudrais dire à chacun, nouveau venu, timide, grande pipelette et les autres membres de PCaP de continuer dans cette voie de l’échange et de la générosité que chacun met dans ses messages sur le forum.
Et puis si certains veulent me faire plaisir, pouvez-vous faire attention, que vous soyez routards ou trailers, à vos déchets et emballages ? Bon je ne reviens pas là-dessus mais notre « terrain de jeu » (ou comme tu le dis notre terrain de passion) est merveilleux alors faisons en sorte qu’il le reste.
Et puis le principal : chers membres, continuez à vous faire plaisir en courant et en venant sur PCaP.
PETITRNARDBLEU : Merci beaucoup eric92 pour la spontanéité et la grande sincérité de tes réponses, de t’être livré ainsi, même sur des questions assez personnelles pour lesquelles tu n’as jamais mis de réserves… Visiblement tu as bien survécu à l’interview !!!.... Ce qui mettra sans doute en confiance nos prochaines « victimes » !!!... Bonne continuation à toi sur nos chemins… tout beaux… tout propres !!!!! (promis !!)….
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