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100 km du Spiridon Catalan – Baho / Saint Estève (66) – Edition du 05/11/2011 (version soleia)
soleia

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 Ă©claireur

  Posté : 10-11-2011 00:13

La première fois que j’ai évoqué l’idée d’un 100 kilomètres, c’était en 2005, pour mes 40 ans. C’était sans doute trop tôt.

La seconde fois que j’ai parlé de faire un 100 kilomètres, c’était en novembre 2010, il y a un an :

http://www.passioncourseapied.fr/viewtopic.php?topic=10846&forum=39

Cette fois allait ĂŞtre la bonne.

Immédiatement, Marc s’est proposé pour être mon accompagnateur. Ce que je ne savais pas, c’est que Francine aussi serait là pour moi !!!

Les mois s’écoulent, je m’inscris à la course puis range l’idée dans ma tête… pour la ressortir début juillet.

http://www.passioncourseapied.fr/viewtopic.php?topic=12112&forum=95&start=0

Je vais profiter des vacances pour augmenter petit à petit ma charge d’entraînement, passant de 3 sorties hebdomadaires à 4, puis 5, je me lance dans le bi-quotidien et j’ajoute quelques séances de vélo.

En août, je suis à 7 sorties par semaine, en septembre, je passe à 9 sorties et atteins les 70 kilomètres hebdomadaires. Mes séances sont quasiment toutes en endurance, j’ai fini par trouver l’allure qui me convient bien, aux alentours de 8,3-8,5 km/h.

A ma grande surprise, je réalise que j’encaisse très bien la montée en charge d’entraînement et même si courir tous les jours demande de l’organisation et des sacrifices, j’aime ces sorties plus ou moins longues et je trouve alors qu’il est plus facile de s’entraîner pour préparer un 100 kilomètres qu’un marathon.

En septembre, période de doute quand une mystérieuse blessure va immobiliser mon bras, finalement au bout d’un mois tout rentre dans l’ordre et je n’ai pas arrêté mes entraînements.

Octobre arrive avec le marathon de Lyon, qui nous permet de nous rendre compte (mais je n’en avais jamais douté) que le binôme Marc-soleia fonctionne très bien. Au cours de ce mois, je vais m’approcher des 80 km hebdomadaires et également réaliser des sorties à 2 h 30 et 3 h 15, toujours seule avec mon baladeur.

La préparation qui aura duré 17 semaines s’achève mercredi 2 novembre.

La veille :

Avec Petitrenardbleu, nous partons de St Raphaël juste après mes cours à 15 h 30.

La météo est très humide depuis le début de la semaine et le trajet jusqu’à Perpignan va s’avérer très long et usant pour les nerfs, entre la pluie battante, les accidents et bouchons sur l’autoroute et les camions à la conduite plus que dangereuse.

Une fois sur Perpignan, nous n’arrivons pas à trouver le restaurant où nous devons retrouver les PCaPiens de Paris. On finit par trouver notre chemin, nous sommes plus qu’attendues et mortes de faim surtout !

Et là, énorme surprise : francinedefi et runningjuan surgissent devant nous !!! Francine m’annonce qu’elle va également m’accompagner, j’ai déjà eu le bonheur de courir tout un marathon avec elle, décidément, ce 100 kilomètres s’annonce parfaitement bien

En dehors de juan qui dort sur place, nous avons tous réservé au même hôtel. Quand nous allons nous coucher il ne pleut pas. Pourvu que cela se maintienne le lendemain…


La course :

Au réveil, le ciel est gris mais il ne pleut pas, un temps idéal en somme. Nous avons pris le petit déjeuner à 7 heures, la règle des 3 heures ne sera assurément pas respectée mais vue l’allure de course envisagée, cela ne devrait pas poser de problèmes !

Nous voici sur l’aire de départ… J’ai le dossard numéro 1… oups, quelle pression !!!
(en fait, je le sais par un SMS de Marc qui a retiré mon dossard la veille).

Nous prenons connaissance des lieux : la table de pointage, la tente des ravitaillements et derrière le bâtiment dans lequel nous installons notre « camp ».

Enfin, c’est surtout Petitrenardbleu qui s’installe… moi je sens un peu d’appréhension qui monte… je regarde autour de moi sur la ligne, ils ont tous l’air sûrs d’eux et n’en sont certainement pas à leur coup d’essai… ouh la la… Nous faisons quelques photos de groupe (merci hubert !!!), le tout dans la bonne humeur…



Un groupe d’Italiens surgit alors in extremis et le départ est enfin donné… l’un des coureurs retardataires s’élance et ses lacets sont complètement dénoués.

Nous aussi on s’élance euh… pas aussi vite que les premiers.

Le premier tour va servir de reconnaissance du parcours et aussi de réglage d’allure. Ca commence donc par une ligne droite, sur du bitume avec quelques ralentisseurs peu surélevés, puis nous sortons du village, le parcours fait un coude et là… première montée… la pente est douce mais je soupçonne qu’elle fera mal très vite. C’est ensuite à nouveau plat, avec une petite redescente sous un pont –qu’il faut donc remonter- nous longeons des terrains agricoles (des vignes, des champs), au loin le Canigou, toujours sur bitume mais déjà on repère certains nids de poule (dont un que je vais presque systématiquement me prendre au fil des tours !). Plus loin une petite remontée puis du plat, quelques lignes droites, un virage à angle droit près du cimetière de Baho, on longe ensuite un parc où Francine va traquer les écureuils puis le revêtement devient plus net car nous entrons dans le village, traversons un quartier résidentiel avant de prendre un virage à angle droit et amorcer une légère descente vers le poste de ravitaillement. 5 km, à quelques mètres près. Parcours qu’il faut ensuite refaire en sens inverse… Le tout 10 fois…

Pour l’instant, j’évite de me projeter et décide de vivre ma course 10 km après 10 km. Mais dans un premier temps, j’essaie de repérer les féminines. Deux sont parties loin devant, une court à nos côtés, une dernière est un peu derrière nous. 6 féminines donc. En fait il y a plusieurs féminines mais engagées sur le 50 km individuel ou en relais. Mais aucun risque de se tromper : leur allure est soutenue !

Premier objectif : le marathon en 5 heures. Soit 4 tours complets. Certains coureurs ont choisi de marcher systématiquement sur la première bosse, la plus longue. Mais j’annonce à Marc que je vais la courir jusqu’au marathon et qu’ensuite je la passerai en marchant.

Les tours de 10 km s’enchaînent donc, on se croise et on se recroise, coureurs inconnus qui le deviennent un peu moins, mais visages connus aussi : Pascal, Hubert, Juan lequel change sans cesse de partenaire . On se croise avec des sourires, des mots d’encouragements, des petits signes. J’aime beaucoup cette ambiance, déjà vécue sur les 4 h et 6 h du Pradet. Parfois Marc qui a l’œil rivé sur son GPS doit nous rappeler gentiment à l’ordre, Francine et moi : emportées par nos discussions, nous accélérons sans nous en rendre compte ! Merci Marc !

La météo continue d’être de notre côté, ouf ! A chaque pointage, même rituel : « 1 – 3 et 4 ». On nous a vite repérés ! A chaque retour sur St Estève, j’aperçois au bout de la ligne droite, au loin Petitrenardbleu qui attend. Bon sauf sur 2 tours car elle est partie découvrir elle aussi le parcours, comme elle le souhaitait. Hélas une douleur à la jambe l’empêchera de remettre ça l’après-midi

Au marathon, nous passons en 4 h 58, le timing est parfait, et Marc me confirme que notre allure est très régulière. Comme prévu, je marche (nous marchons) dans la montée du 5e tour et ensuite je fais tout le parcours en courant. Un peu plus tard, je troque mon tee-shirt manches longues contre un manches courtes.

La journée avance, les tours se rajoutent…

Pascal et Hubert ont terminé leur course, tout comme Thierry, accompagnateur à vélo. Tout à tour, ils vont nous accompagner sur un tour, soit en courant, soit en vélo

A la fin du 7e tour, les jambes sont un peu raides et je demande alors à Petitrenardbleu de me masser avec l’huile Weleda que j’avais déjà pu apprécier aux 6 heures du Pradet. Ses gestes sont énergiques et efficaces, nous repartons (presque) en pleine forme !

La nuit commence tout doucement à tomber. Il ne reste plus beaucoup de coureurs, ceux de 50 km ont quasiment tous terminé et beaucoup de 100 bornards sont déjà arrivés. Il fait maintenant plus frais et quelques gouttes commencent à tomber. J’enfile ma veste et mets par-dessous le gilet fluo de Pascal, Petitrenardbleu n’a pas trouvé le mien dans la voiture. J’ai évidemment oublié ma frontale alors je me glisse entre Marc et Francine et ceux-ci m’éclaireront.

Je traverse alors une période de doute que j’exprime à haute voix : c’est pas sûr que j’aille au bout, d’ailleurs ma préparation n’était pas suffisante, etc. Marc gentiment me rassure, je suis venue pour faire 100 km et je les ferai. Il a raison, je me concentre sur ma foulée et m’entoure d’un peu de silence.

9e tour : si l’allure reste globalement régulière, ce sont les pauses ravitaillement ou techniques qui se rallongent. Mais je sais qu’il ne faut pas s’arrêter trop longtemps, ce sera d’autant plus dur pour repartir.

Et puis au bout de presque 9 heures, mon GPS a cessé de fonctionner, batterie vidée. Je ne peux plus vérifier le chrono alors je demande à Marc assez souvent de me donner le temps de course.

85e km… ça commence à être un peu dur… mais je ne veux pas marcher, non !!! Et puis quelque chose me fait garder toute ma lucidité : la 5e féminine devant laquelle je suis depuis le départ a comblé petit à petit l’écart entre elle et nous… je ne veux pas qu’elle me dépasse !

90 km… un peu de mal à sourire à Petitrenardbleu… ça va… un peu dur… je crois bien qu’elle n’est pas dupe. Marc et Francine me disent que sur ce dernier tour je vais retrouver de l’énergie…

Un dernier massage par Petitrenardbleu et nous repartons.

Je sais qu’il va être très dur ce dernier tour. D’autant que la 5e féminine nous a doublés, grrr… c’est pas juste ! C’est un peu de ma combativité qui vient de s’envoler

Nous alternons maintenant marche et course, cela me semble interminable car la pluie s’est mise à tomber violemment. Je n’arrive plus trop à parler, mais je me force un peu, histoire de penser à autre chose. Ils m’encouragent tous les deux : tu marches jusqu’à la palissade et ensuite on recourt !

Impitoyable Marc ! Non, il a raison, il faut repartir. Et je lui réponds d’ailleurs : si je comprends bien, maintenant on repart et on ne marchera plus ! Et c’est chose faite.

C’est le dernier kilomètre, heureusement en descente puis plat. Je sais que Petitrenardbleu m’attend pour courir avec moi la dernière ligne droite. Oui c’est vrai, sur ce dernier kilomètre je ne sens plus la fatigue. Et c’est parfaitement lucide que je leur déclare que je sais qu’il y aura d’autres 100 km, parce que j’ai aimé cette distance et l’effort distillé sur du long terme.


Petitrenardbleu m’attend effectivement. Marc et Francine s’effacent derrière nous, j’attrape la main de Petitrenardbleu et nous volons vers l’arrivée, moi je me sens maintenant des ailes, elle souffre de son genou mais c’est ensemble que nous franchissons la ligne.
C’est fait : je suis 100 bornarde. 12 h 51’ et 30’’. J’ai réussi.

Merci Marc, Merci Francine, je ne pouvais rĂŞver meilleurs accompagnateurs !

Merci Juan, Pascal, Hubert pour votre accompagnement et votre présence amicale. Merci à Thierry que nous attendons maintenant sur PCaP !!!

Merci à toi, Petitrenardbleu qui a vécu une bonne partie de cette préparation à mes côtés





Post-Scriptum : à peine quelques douleurs au genou droit dimanche... presque plus rien lundi... Mardi je montais les escaliers (3 étages) pour aller en cours quasiment aussi vite que d'habitude. C'est la météo qui m'a dissuadée d'aller courir aujourd'hui mais demain c'est sûr, j'y vais !!!



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Un héros, c'est celui qui fait ce qu'il peut. Les autres ne le font pas.
(Romain Rolland)





Message édité par : soleia / 10-11-2011 00:26




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