Posté : 05-10-2006 20:30
C.R. d’un premier podium V2M
(et de plus sur marathon)
Depuis quelques années je me disais que pour ma première saison en vétéran 2, je participerai au marathon des Isles à Avermes (Allier) pour tenter d’y faire un podium dans ma nouvelle catégorie. Mais voilà , en consultant les résultats de l’édition 2005, je me rends compte que le niveau de cette épreuve a progressé et que pour réaliser mon objectif (et mon rêve), il va falloir que je revienne à mon meilleur niveau … OK le pari est pris, il est trop tard pour faire marche arrière.
En raison d’une opération, je fais peu de travail hivernal, cinq semaines d’arrêt, autant pour retrouver une condition physique minimale nécessaire à la préparation d’un marathon, je suis un peu juste pour la 30ème édition du marathon de Paris. Ce n’est pas grave, il servira de préparation au marathon d’Avermes.
Pour préparer cette épreuve, je reprends mes vieux plans d’entraînement de 2003, je ressorts mes menus de diététique rangés depuis 1999. Résultats plus de 100 Kms par semaine en 6 séances, je coure sur des bases et des vitesses que je n’avais plus connues depuis 3 ans. La diététique entraîne la perte de près de 5 kilos… Un test sur les 15 Kms de TRETS (13), hélas trop difficiles du 5ème au 9ème kilomètre pour tenir un rythme régulier mais il n’y a plus de semi à cette période de la saison. Je coure les 6 derniers Kms à 3’34/3’36, 1h03’ au final. Je sens que je suis prêt !
Le samedi matin, Serge me fait découvrir la boucle. Il m’avait prévenu « c’est cassant ». Effectivement cette boucle est faite de relances, montées/descentes, faux plats, virages dans les lotissements et longs passages sur des chemins de terre sablonneuse où les appuis sont fuyants. Il faudra peut être revoir l’objectif chronométrique à la baisse mais gardons celui du podium.
Dimanche matin, départ de l’épreuve à 8 heures. Retrait du dossard à 7 heures. Pas besoin de se presser, 127 partants, il y a moins de bousculade qu’à Paris. Un sac de sport au logo de l’épreuve est offert avec le dossard. Sympa.
Le départ est donné. 4’30 au premier kilo, pile le temps de passage prévu pour 3h10. Les 2 suivants sont en 4’20. Je suis très bien. Le rythme est régulier, le parcours l’est moins. Il ne fait pas encore trop chaud. Les organisateurs ont tout prévu car la grosse chaleur ne va pas tarder à faire son apparition. Un poste de ravitaillement et d’épongement tous les 2,5 Kms. Un verre à chacun, il faut prévoir.
Cette première boucle de 14 Kms se termine. Je viens de lâcher Yves et Thierry, je fais ma course, à mon rythme. Alain est Serge, donnent de la voix, le derrière bien calé sur leur selle de vélo.
A chaque coin de rue, j’entends « allez Patrick ». Je suis fier en me disant que tout le monde me reconnait alors que j’ai quitté la région il y a 30 ans. Mais non, oh quelle déception, ils ont la liste des inscrits …
La chaleur commence à se faire ressentir à l’amorce de ce 2ème tour. Je suis toujours bien dans mon rythme, je me ravitaille, tout va bien mais s’il vous plait, coupez le chauffage !!
Je commence à voir le bout de ce 2ème tour bien qu’étant encore à 16 Kms de l’arrivée lorsque je ressents une violente douleur à l’adducteur gauche. Fulgurant, comme un coup de poignard. Je tente de relancer mais je ne peux plus courir, je marche, plusieurs fois je relance, la douleur est tenace. Je suis doublé par un petit groupe avec la 1ère féminine.
Je me dis que je n’ai plus qu’à m’arrêter à la fin du tour soit au 28ème Km, je râle, je peste, des mois de sacrifice qui tombent à l’eau, tout cela pour rien mais c’est la dure loi du sport d’endurance. Je trottine comme je peux et je m’arrête au ravitaillement à l’entame du dernier tour. Je rumine dans ma tête « que faire, abandonner ou repartir pour cette dernière boucle (14 Kms) ? » Et puis « M…., je n’ai pas fait tout cela pour abandonner » Je repars et je sais que c’est pour aller au bout. Je suis obligé de garder un rythme beaucoup plus lent pour moins souffrir mais j’ai l’impression que cela va tenir. Il fait de plus en plus chaud (31°). Je traîne la patte mais chaque foulée m’amène vers l’arrivée. Et pourtant je ne ressens pas la fatigue. Je sais que j’étais prêt pour ce marathon. Pas de mur du 30ème. Je prends le temps de me ravitailler, tant pis pour le chrono, il faut ménager l’organisme. Mais à quelques kilomètres de l’arrivée et alors que l’adducteur est moins douloureux, je commence à remonter des coureurs à la dérive. Le parcours et la chaleur font des ravages. Les visages sont crispés.
Et p’tit frère, le derrière endolori par la selle du vélo continue de donner de la voix. « Ils sont cuits » dit-il … (Il n’y a pas qu’eux). P…… fait chaud … Pas beaucoup d’ombre …. A moins de 2 Kms de l’arrivée, un groupe de 3 coureurs est à 300 mètres devant .. « Trop loin pour aller les chercher » . « Regarde, il y en a un qui est cramé ». Moi aussi je commence à l’être, dans tous les sens du terme … Je le vois ce coureur, il m’a lâché 10 Kms auparavant. C’est vrai qu’il semble à bout. Il monte sur le trottoir, descend sur la route … Allez on peut encore gagner une place !!! A 1500m de l’arrivée me voilà parti dans un sprint effréné. Je grignote le retard et je le reprends à l’entrée du stade soit à 200m de l’arrivée. Il ne cherche pas le sprint. Il est effectivement cuit. Deux heures plus tard je découvrirai que je suis 3ème et lui 4ème V2. Quelle a du être sa déception. Une nouvelle fois c’est la loi du sport. Je le tiens ce podium, même s’il me semblait hors de portée lors de la blessure, je suis allé le chercher à l’énergie après avoir frisé l’abandon. Le pari était osé mais il vallait le coup d’être tenté.
106 marathoniens franchiront la ligne d’arrivée, je serai le 26ème d’entre eux.
Merci p’tit frère pour ton soutien moral.
VoilĂ le compte-rendu d'un moment de bonheur de ce mois de juin dernier ....
Message édité par : soleia / 29-12-2006 20:34 |