Inscrit par l'Unesco, depuis juillet dernier au patrimoine mondial de l'Humanité, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais et quelques-uns de ses 51 terrils ont attirés cette année près de 5200 personnes, coureurs à pied pour la plupart. La Course des Terrils, née il y a 29 ans rassemble chaque année plus de monde sur les 4 parcours proposés, la marche des Familles, et les 2 courses des P’tits Quinquins. L’ambiance chaleureuse contraste avec le gris de la houille extraite par les mains des hommes pour former ces petites montagnes où beaucoup de mes copains passionnés comme moi en font leur terrain de jeux ce dimanche. Malheureusement, cette course sera endeuillée pour la 1ère fois par le décès d’un participant.

Jusqu’au dernier moment, j’aurais hésité à me présenter sur la Sauvage, longue de 23 km. Je me trouvais incertaine, dans la zone de départ entourée de mes enfants, qui attendaient leurs courses, et mon mari, qui inlassablement me répétait : « t’inquiète pas, ça va l’faire ». Au pan du starter, plus d’enfants, plus de mari, comme évaporés. Je me suis retrouvée au pied du 1er terril, entraînée par la foule des coureurs.

Pour m’élever tout là-haut, je suis un coureur qui se débrouille pas trop mal pour grimper. J’ai une très belle vue… sur ses talons. Arrivée à 4 pattes, je me déploie, je m’épagnote, jette un vague coup d’œil en arrière avant de me souvenir que je suis partie pour au moins 2h50 de course. Oh pétard !

Rejoindre le 2ème terril est chose aisée, terrain souple, plat et douceur du temps me portent. Les copains attendent en bas et m’encouragent, quelques-uns d’entre eux ont couru les 65 km de la Contrebandière et ne se résignent pas à quitter les lieux tant ils s’y plaisent. Je monte à ma vitesse, parfois en courant sur la pointe des pieds, parfois en marchant. La descente me permet de reprendre mon souffle, quelques forces et je retrouve enfin toute ma confiance.

Complètement détendue, je suis de nouveau sensible à mon environnement. Je discute avec ceux qui s’attardent et notamment avec un monsieur qui prépare les Hospitaliers et qui se trouve être amateur de champignons. Il me montre des vesses de loup, les mange, alors je fais pareil. Très rigolo ce petit plop dans la bouche quand on les croque. Je regrette à cet instant de n’avoir pas pris mon appareil photo, que j’ai délaissé au profit du bidon d’eau.

Le 3ème terril est une tuerie ! Après le 7ème km, virage à gauche à 90°, il se présente perfide et chafouin, droit devant nous comme un i. De nouveau, tous à 4 pattes, nous grimpons et ce terril-là m’aura fait bien mal. Je redescends vivement jusqu’au ravitaillement puis reprends la route tranquillement. S’en suit une douzaine de kilomètres doucement vallonnés, à travers la forêt.

Tranquillement, mais sûrement, les jambes se durcissent et au 17ème km c’est totalement le dur. Je sens que l’effort va commencer vraiment. Mon compagnon amateur de champignons et quelques autres ne me quittent plus. On double des coureurs qui souffrent, qui se sont peu entraînés et qui rament à finir. Je me réjouis intérieurement de n’avoir mal nulle part pour le moment. On marche en même temps, on court en même temps, le tempo parfait. A l’avant dernier ravitaillement, le morceau de cornemuse fait taire tout le monde. L’instant est solennel. Le soleil, les grands arbres et ces notes de musique qui s’élèvent, je ferme les yeux et me voilà en Ecosse. Instant magique, lieu où je regrette une fois de plus de n’avoir pas préféré mon appareil-photo au bidon.

Pendant que je me désaltère, notre groupe est doublé par une joëlette. Je les admire, ils ont beaucoup de courage. Ils ont monté les terrils à l’aide de cordes et la fatigue se fait sentir pour eux. Nous les rattrapons, mais je serais la seule à ne pas oser les doubler. Ils chantent, ils blaguent, ils sont heureux. Le beau temps a rendu leur périple bien agréable.

Pour moi aussi la fatigue se fait sentir, le 4ème et dernier terril me laisse perplexe. Il faut monter en s’aidant des racines et des arbres et encore une fois à 4 pattes. Impossible de stationner debout. J’ai les jambes qui piquent et brulent, arrivée en haut j’ai soudainement hâte d’en finir. Au dernier ravitaillement, j’avale un verre d’eau vite fait pour faire honneur aux bénévoles qui nous ont attendus tout ce temps, puis je trace tout ce que je peux. Je double encore quelques coureurs devenus marcheurs et le dernier kilomètre qui m’amène à l’arrivée est interminable. J’en brairos min pauv’ cocker ! Il n’en finit plus, j’entends la musique, le micro, les sirènes des pompiers et enfin je vois mes enfants et mon mari qui m’ont attendue tout ce temps. Les larmes sont au bord des yeux. Je passe les tapis, j’entends les 3 bip de fin et je dis ouf ! c’est fini. Je n’aurais pas pu faire plus mais ceux-là je les ai faits.

Points MBO : 42
==> Participation à une course (avec ou sans dossard) = 2 pts
==> Course terminée (avec ou sans dossard) = 2 pts
==> Distance càp/marche : 1 km = 23 pts
==> Record sur la distance = 5 pts
==> Signe PCaP (maillot, short et buff) : 8 pts
==> Récit posté sur le forum ou en article avec photo(s) = 2 pts

Et merci à Mew qui m'a permis de mettre les photos sur mon CR

Courir c'est vivre 2 fois
5 km - 26'49 - 09.10.2011
10 km - 1:00:37 - 10.10.2010

Message édité par : Valthyluje / 15-10-2012 10:59