Il y a des marathons à plusieurs milliers de coureurs et les marathons intimistes.
54000 inscrits à Paris. Une soixantaine à Ajaccio et 48 arrivants.
C’est 1000 fois plus, l’écart est énorme.

On ne risquait pas de se marcher sur les pieds sur la route des Sanguinaires, ce dimanche 5 avril. Le parcours était constitué d’un aller-retour de 21 km, à effectuer deux fois pour les marathoniens.

Je suis partie confiante, heureuse et lucide.

Confiante, parce que c’est mon 25e départ de marathon. Autant dire que la distance, je la connais
Et puis tourner en rond ne me fait pas peur. Même si je pressens des moments de solitude sur la 2e boucle, lorsque les coureurs du 10 km et du semi en auront terminé.

Heureuse parce que… malgré l’orage de la nuit, la pluie continue sur la route, depuis le départ à 6 h du village, je suis tellement contente d’être là, sur mon île, avec mes parents qui vont venir me voir courir, pour une fois que c’est possible Heureuse parce que la pluie s’est miraculeusement arrêtée juste le temps que je boucle ce marathon, heureuse parce que mes douleurs aux ischios sont loin derrière moi et m’ont permis de courir sereinement.

Lucide car ma préparation a été un peu légère : 3 sorties hebdomadaires, souvent deux, voire une seule lorsque les contraintes professionnelles ont été trop fortes, n’ont jamais assuré un chrono exceptionnel.
Exceptionnel, pour moi, signifie 4 heures.
Je sais bien que c’est beaucoup trop juste. Mais je ne me suis pas mis de pression.
La seule « pression » est stockée à l’arrière de ma voiture


(à partager avec Petitrenardbleu, hein !!!)

Pourquoi étais-je persuadée que le parcours était plat ?
Si j’avais mieux cherché sur Internet, j’aurais enregistré dans un coin de ma petite tête les 226 m de dénivelé total (113 en négatif et 113 en positif).

Soyons clair : il m’a suffit d’un trajet aller pour enregistrer les faux plats (très nombreux) qui se succèdent.
Je termine donc mon premier aller-retour en 2 h 06. C’est encore correct
Pendant ces 2 h 06, on m’a dépassée, j’ai croisé de nombreux coureurs et encouragé pgaz, j’ai souri et plaisanté avec les bénévoles. J’ai savouré le plaisir de courir tout le temps au bord de la mer, j’ai fait un large sourire à mes parents et Petitrenardbleu juste avant de repartir pour ma 2e boucle.

Toujours heureuse.
Encore plus lucide devant l’évidence : ma vitesse de croisière diminue doucement mais sûrement. Mes arrêts ravitaillement se prolongent.
Un peu moins confiante : au pointage du 30e km environ, à l'amorce du retour, un peu de découragement m'envahit. Je me sais dans les derniers, mes jambes sont fatiguées, le faux-plat devant moi me semble une montagne.
Je marche. "Tu marches jusqu'au poteau et tu recours".
J'essaie de visualiser un parcours habituel, mais rien ne vient.
Je déroule mon dictionnaire de mots positifs : abricot - accélérer - adapter - affection... jusqu'à azur.
B comme...
Un coureur, l'avant-dernier, me dépasse, m'encourage et me dit qu'ils ont stoppé la dernière de la course au demi-tour, à la Parata, car elle était hors délai. D'antépénultième, me voici rétrogradée dernière de la course

L'avantage à être dernière de la course, c'est qu'on se sait forcément attendue : à chaque ravitaillement, à chaque point de contrôle, je fais un grand sourire et j'annonce : "So l'ultima !".
Derrière moi, on range et on plie, content d'en avoir terminé. Une voiture qui ramène plusieurs bénévoles me klaxonne et on m'encourage joyeusement
Dans ma tête, il ne fait aucun doute que je terminerai

La dernière ligne droite, le dernier kilomètre, la voix dans le micro, mes parents et Hélène qui m'attendent, tous les coureurs et familles installés dans les bars qui m'applaudissent chaleureusement : le coeur léger, j'arrive même à finir sur une accélération ! 4 h 42. 5e V1 et dernière féminine
Ouf ! Fin de mon 24e marathon (j'avais abandonné sur le marathon de Marseille en 2013 pour me rabattre sur le semi).

Quant à l'après-course...
Nous partageons encore un petit moment avec mes parents, avant qu'ils ne remontent au village.
Puis nous allons récupérer le joli trophée, offert à chaque finisher (ou médaille pour les coureurs du 10 km).



Nous retrouvons pgaz et partageons une bière corse dans un bar de "jeunes" où nous nous sommes réfugiés pour fuir la pluie battante !



A 21 h 10, je me suis endormie écrasée de fatigue dans ma couchette sur le bateau qui nous ramenait vers le continent.
Et dès le lendemain, je pensais déjà au prochain !!!

Message édité par : pgaz / 23-04-2015 00:15